DECLARATION de Janvier YAHOUEDEOU
« Touche pas à ma Constitution » Voilà le slogan qui tapisse les panneaux géants de Cotonou et environs depuis hier. Ce slogan indique clairement le refus du peuple béninois de toute révision précipitée de la loi fondamentale de notre pays.
Le peuple béninois s’est doté, après une longue épreuve douloureuse ayant abouti à la Conférence des forces vives de notre nation, le 11 Décembre 1990, d’une constitution à la grande satisfaction de tous les citoyens béninois.
Certes, aucune œuvre humaine n’est parfaite. Mais chaque tentative de faire une révision opportuniste de la constitution du 11 Décembre 1990 s’est naturellement heurtée à la résistance farouche de la majorité des béninois et des partis politiques.
Sous le concept de la Refondation, le Président de la République, le Dr YAYI Boni a tenté un passage en force en faisant inscrire à l’ordre du jour d’une session extraordinaire la révision de la constitution. Révision ou changement de la constitution, doit-on se demander.
Nous savons tous que le Chef de l’Etat a dit à plusieurs reprises qu’il ne briquera pas un troisième mandat et que les principes fondamentaux comme le nombre de mandat et la limitation d’âge ne seront pas touchés, mais le peuple béninois doit rester VIGILANT, car l’homme a plusieurs jours dans son sac, dans cette mallette qu’il a présenté comme une ”boîte noire” lors de sa campagne présidentielle de 2006. Cette ruse politique que nous subissons depuis six ans peut, si on n’y prend garde, conduire un changement pur et simple de la loi fondamentale e vigueur. Et vous devinez la suite….
”Je vous aime bien, je vous porte dans mon cœur”. Le Refondateur du Bénin a aujourd’hui les moyens de faire descendre les populations dans les rues des principales villes de nos communes, comme cela s’est déjà produit à plusieurs reprises dans le passé, en les habillant, en les casquant avec le slogan du genre : ‘’Nous voulons le changement de la constitution du 11 Décembre 1990 car il est vieux de vingt deux ans”. Tous les appareils de l’Etat seraient utilisés à cette fin. En ce moment ce serait trop tard d’agir et vous devinez déjà la suite… Le ”cri de cœur” du peuple serait en ce moment bien capté par le Chef de l’Etat et c’est le Référendum qu’on nous imposerait. Le traditionnel K.O serait évident puisque la liste électorale permanente informatisée (LEPI) demeure inachevée et bâclée. On rentrerait ainsi dans une nouvelle République, la 6ème au Bénin. Et vous devinez encore la suite…
Selon Franck Moderne ”Réviser une constitution, c’est procéder à une modification de cette constitution selon les formes qu’elle a elle-même prévues”. Si l’on suit ce postulat, alors se pose la question de savoir si une constitution peut être modifiée à tort et à travers ou s’il existe certains codes. Par ailleurs, l’article 16 de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 Août 1789 déclare que ”toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a point de constitution”. Cet hommage à Montesquieu implique que seuls les démocrates peuvent se targuer de posséder une constitution. Toute constitution autoritaire n’en est pas une. D’où la question suivante : dans quelle mesure une constitution peut-elle réviser sans sortir du cadre démocratique de l’Etat ?
PEUPLE BENINOIS – REVEILLE – TOI !
DEBOUT ! car l’HEURE EST GRAVE.
La dictature est à ta porte. Ne la laisse pas rentrer dans ta maison. Barre lui la route dès maintenant et tout de suite.
Tout le peuple béninois a vu les conditions dans lesquelles la LEPI a été confectionnée. Toutes les tentatives de certains partis politiques, du clergé béninois, de la commission pilotée par l’ex Président Emile Derlin ZINSOU, de la corriger, de l’assainir sont vouées à l’échec, car la ruse avait pris le pas sur la vertu.
Maintenant que le »KO » est consommé, la priorité du Chef de l’Etat devrait au moins s’orienter vers l’assainissement de la LEPI qui est dans son principe fondamental un outil de paix et d’unité dans l’organisation des élections.
Nous exigeons donc que cette LEPI soit revue de font en comble avant les prochaines élections municipales et communales. Ça c’est la Refondation. Après l’échec du ”Changement et de l’Emergence” promis aux citoyens béninois lors du premier quinquennat, la ”Refondation” prônée pour le second quinquennat bat de l’aile puisque sa situation politique, économique et sociale aujourd’hui au Bénin laisse à désirer.
En effet, l’inflation ne cesse de galoper, la mévente dans nos marchés est quotidienne. Tous les prix connaissent une hausse incontrôlée. Il se pose aujourd’hui un problème de subsistance aux populations de nos villes et de nos campagnes au Bénin. Tout cela est aggravé par la désaffection du Port de Cotonou par les opérateurs économiques des pays voisins.
Notre système éducatif est menacé suite aux revendications des enseignants.
A tout cela viennent s’ajouter la menace d’une campagne blanche qui pèse sur la filière coton et le coût astronomique des affaires au Bénin. La jeunesse est contrainte au chômage et la population à l’appauvrissement.
Vu tout ce qui précède, une révision de notre constitution n’est pas opportune car le contexte socio politique actuel du Bénin ne s’y prête pas.
Cotonou le 02 mars 2012
Janvier YAHOUEDEOU